L'Apprentissage du modelage Par Jean Letourneur

Formes végétales

Nous avons vu précédemment différents modes de composition à partir de principes géométriques ou de concepts simples.

Il s'agira maintenant de leur ajouter une référence directe au règne végétal que l'on vient d'évoquer (chapitres 15 « végétaux ») en élaborant une composition librement inspirée soit de leurs constantes – des racines, des tiges, des terminaisons- soit en tant que formes de croissance.

Bien que difficile à maîtriser, la géométrie fractale de Benoît Mandelbrot, selon laquelle de très nombreuses formes naturelles se répètent presque à l'identique d'une échelle à l'autre, est évoquée en tant que clef de compréhension de ces formes.
Selon le concept dominant de cette géométrie, un brocoli par exemple montrera, quelle que soit l'échelle d'observation, la même structure, avec les mêmes angles d'une branche à l'autre.
Transposée dans le mode créatif qui nous intéresse, cette remarque peut se traduire ainsi :
Puisque l'information contenue dans n'importe quel fragment de ce végétal me permet de le reconstituer entièrement, je peux avancer dans mon travail de telle sorte que chaque partie de ma composition s'intègre dans son ensemble tout en possédant une existence autonome potentielle. Cette notion conduit à s'interroger sur les raison qui rendent sublimes les fragments d'antiques détruits par les hommes : au-delà de l'imagination sollicitée, d'une musculature qui fut nouée dans sa globalité le plus insigne morceau garde la mémoire de ses liens.

Voici quelques exemples :

• vous pouvez donc vous inspirer d'excroissances racinaires. Le traitement de chaque élément doit reprendre les subdivisions de l'ensemble pour lui donner son unité tout en évitant la mollesse.

1, 2, 3 & 4 - Nicolas OSSORGUINE

 

• Ici, il a été choisi de mettre en scène trois états successifs d'une croissance végétale par enroulements. Cette présentation architecturale confère une dimension monumentale au projet, qui n'est pas sans évoquer les cheminées de la Casa Milà de Gaudi, mais aussi les formes enfermées dans une forme de Moore. Le sol se soulève progressivement, ce qui permet de raccorder habilement les trois efflorescences, ainsi que leur mise en relation spatiale.

5 & 6 - Gabriel LAURILLOU

 

• 1 : partir de découpes décoratives obtenues à partir d'une feuille de terre risque de sceller la proposition dans le détail anecdotique.
  2 : mais d'un premier jet insatisfaisant, le rythme a été conservé et les simples découpes ont fait place à un mouvement dynamique.
  3 : ici la vue du dessus montre les rapports d'échelle et l’équivalence des mouvements. Mais il fallait éviter de traiter le support avec les mêmes effets de matière, pour plus de lisibilité.
  4 : n'excluez jamais le dessin au couteau sur la glaise : ici il permet l'accroche de la feuille de gauche sur le support principal.
  Observez le vide central, son volume a été pensé pour jouer avec les pleins (voir citation de Moore chap 06 « porte »)

7, 8, 9 & 10 - Camille JACQUEMIN