L'Apprentissage du modelage |
Voici deux exemples de travaux de diplôme qui sont partis d'une étude en glaise
Inspiré d'une sculpture de Lalanne, l'étude a porté sur la nature du bloc traversé par un poisson, puis sur le traitement de ses surfaces.
Poissons de Lalanne
Esquisses modelées :
Evolution :
Seules les extrémités, tête et queue, seront réalisées en métal repoussé, à partir de modelages.
Pour la première version, elles seront directement enchâssées dans un bloc de glace comme un clin d'œil aux cubes pleins et vides de Lalanne.
La seconde version s'oppose radicalement à la géométrie euclidienne des cubes, de courbure nulle, en déclinant les deux catégories de surfaces non-euclidiennes, mises en évidence par la déformation du quadrillage qui les recouvre: (voir Le modelage du corps humain, pages 6, 7, 8)
Caractérisées par leur courbure, ces surfaces opposent leur dynamisme au caractère fondamentalement statique des blocs cubiques, selon les notions abordées au chapitre 10.
- Courbure positive pour la face avant, d'où sort la tête.
- Courbure négative pour la face d'appui de la queue.
-double courbure à gauche et au dessus.
Seule la surface d'appui au sol reste plate, donc statique.
Les figures debout ne peuvent tenir que munies d'une armature, que l'on choisit généralement de faire passer par le bas du dos. Sur le court segment vertical interne, on ligature quatre jeux de fils de fer torsadés, pour les bras et les jambes. Puis les opérations suivent l'ordre donné au chapitre 02 « boudins de terre » : des boudins le plus possible axés sur les fils de fer, avec de la terre un peu dure (1).
On campe l'attitude, donnée par les segments principaux (2), selon le dessin préparatoire (dessin).
L'armature doit rester mobile à ses extrémités, pour autoriser les corrections ultérieures, la terrasse permettant de bloquer l'emplacement des pieds (4).
Les principales corrections ont porté sur l'anatomie des muscles des jambes (5), qui devait être en place avant de faire circuler les plis de la culotte, en s'inspirant du Maréchal Ney de François Rude, selon la merveilleuse analyse de Rodin (« l'Art »).
Le jabot est fait de vrai tissu, et la pendule réalisée à part. ( Pingouin 01, 05, 06, 07).
Après moulage, une épreuve en résine permet de s'affranchir de la potence, et de placer la montre, ainsi que les éléments d'accompagnement, tous réalisés à part.
Selon leur auteur (Anna BOROWSKI) :
« Le pingouin est pensé comme une horloge de table. L'idée était de faire une référence aux figurines de porcelaine comme celles de la porcelaine de Meissen et d'y mêler des références à l'enfance, comme une réminiscence des saynètes que les enfants peuvent organiser avec leurs jouets.
Le tout est comme pris dans une petite forêt, un sous-bois de champignons, d'herbages qui installent cette scène dans un décor onirique, un peu flou comme peut l'être la mémoire.
C'est en fait un petit cabinet de curiosités mais tout à fait personnel puisque intrinsèquement lié à une mémoire quasi inconsciente.
Quant à la cloche, (cloche 1 et 3) elle avait été inspirée par la visite du musée de la Chasse et de la Nature. Elle fait référence aux cloches en verre des cabinets de merveilles, aux massacres que l'on peut y trouver, aux collections d'insectes, d'animaux naturalisés, etc. »
Enfin, pour illustrer la complémentarité entre l'étude modelée et la réalisation métallique, voici un exemple de forme obtenue par emboutissage et rétreinte, à partir de feuilles métalliques.
Elaboré selon la méthode exposée au chapitre 4, l'esquisse en terre s'inspire du ventre de la louve étrusque, en transposant le contraste entre les mamelles et les arrondis du ventre en un problème de géométrie : des raccordements de cônes et de morceaux de sphères. On peut y voir l'évocation d'un nuage, à moins que cela ne soit un oiseau, grâce aux évidements et à la légèreté que permet le métal.