Les monnaies anciennes, puis les médailles à l'effigie d'un souverain ou d'un seigneur se devaient de ressembler à leur modèle. Avec les années, un visage change plus de face que de profil, ce dernier étant davantage dessiné par les parties osseuses. C'est sans doute la raison qui a privilégié les profils dans l'art du portrait ; de plus, les difficultés techniques sont moindres car la « compression » des épaisseurs (qui différencie le bas-relief de la ronde-bosse) reste quasi constante, ce qui n'est pas le cas avec des trois-quarts, par exemple.
Pas à pas :
Préparez tout d'abord votre semelle de terre sur la planche de travail
01 : dessinez à la pointe du couteau le profil, on peut aisément obtenir ce dessin initial par projection de l'ombre du modèle.
01. Simon BICHON
02 : montez rapidement les épaisseurs. C'est l'étape ingrate, où l'on a l'impression de détruire son dessin, si par précipitation il donnait d'autres détails que la simple découpe du profil.
02. Simon BICHON
03 : veillez à ne pas amollir.
03. Simon BICHON
04 : marquez franchement les limites de plans.
04. Simon BICHON
05 : conseil pratique: à cette étape vous pouvez mettre en correspondance les parties hautes par écrasement d'une seconde planche, parallèlement au support. Encore une étape ingrate, mais nécessaire, qui évite de se laisser entraîner au-delà du bas-relief.
Jadis, les « anciens » étaient plus radicaux encore : ils prenaient le modelage en cours, et devant l'étudiant effaré l'écrasaient au sol.
05. Simon BICHON
06 : le maître mot est : convexité, à toutes les échelles (voir chap.11). Par exemple, veillez à ce que les plans de raccordement issus du dessin initial s'élèvent du fond quasiment à angle droit, c'est la seule façon de préserver l'illusion du relief .
Attention de ne pas creuser les passages cheveux/visage et barbe/visage (évitez les contre-dépouilles).
06. Simon BICHON
07 : introduisez des effets de matières :
exprimez le grain de la peau grâce à un vieux rifloir par exemple, et laissez les mouvements chevelure/barbe à l'état d'ébauche : trop de « fini » nuit parfois à l'expression de la vie.
Clin d'œil à Léonard : le traitement du fond par hachures, exécutées à la spatule crantée en partant du dessin.
07. Simon BICHON
Laurianne CLERC: un morceau de tissu interposé entre spatule et glaise donne un autre exemple possible de texture.
Voici un autre parcours :
01: séparer les surfaces peut créer un bel effet de style, évoquant les monnaies anciennes.
01 - Camille JACQUEMIN
02 : attention de ne pas « dessiner » trop tôt : ce sont les volumes qui produiront le dessin, la qualité de leurs arrondis (convexité encore) qui rendront nécessaires leurs intersections.
Donc ce qu'il est convenu d'appeler leur dessin ; selon Rodin, « il n’y a pas de traits, il n’y a que des volumes. Quand vous dessinez, ne vous préoccupez jamais du contour, mais du relief. C’est le relief qui régit lecontour ».
02 - Camille JACQUEMIN
03 : il est parfois nécessaire d'effectuer des corrections par plans, ici la pommette a été arasée car elle était trop haute, le reste fut mis en place par ajout de boulettes.
03 - Camille JACQUEMIN
04 : le fond est traité à la râpe à plâtre pour accrocher la lumière, et le profil légèrement incisé à la spatule afin d'en souligner le dessin.
04 - Camille JACQUEMIN
En résumé, attention à ces quelques points importants :
Commencez par chercher l'architecture du visage, donc ses plans principaux, en ayant l'impression d'exagérer.
Pour un diamètre d'une quarantaine de centimètres, ne pas monter au delà de quatre ou cinq centimètres par rapport au fond. Il ne s'agit pas de faire une demi-tête, mais d'en suggérer la réalité par les artifices du bas-relief.
Les finitions se font toujours avec une terre un peu plus molle que le support. Les mains desséchant très vite la terre, poser une grosse boulette à coté du fond, et prendre le nécessaire au fur et à mesure, avec l'outil.
Ne « lissez » pas l'état de surface : le lisse, c'est la perfection, avec le risque, si on ne la maîtrise pas, de mettre à un même niveau de lecture les plus infimes détails et ce qui compte vraiment dans l'expression du caractère de votre modèle.
Faîtes un léger « congé » (l'œil est toujours baigné de larmes) au passage œil/paupière (voir chap. 07)
L'arcade est presque un quart de rond.
La lèvre supérieure est toujours un peu plus haute que celle du dessous, tout comme les paupières. (voir : « le modelage du corps humain » déjà cité).
Une bouche, légèrement ouverte, laisse deviner la denture.
Veillez à ne jamais couper le cou autrement que par le bord du cercle, ou selon un biais partant de sa racine au sommet du sternum, pour éviter l'effet « tête coupée ».
« Monter » suffisamment le diagonal du cou (muscle sterno-cléido-mastoïdien), ainsi que le trapèze.