L'Apprentissage du modelage |
Le surréalisme, à partir des monstres improbables de la mythologie et de l'époque romane, ou des hybridations de Gérôme Bosch, nous a familiarisé avec les chimères.
S'inspirant des uns et des autres, en puisant aussi bien dans les contes fantastiques que dans le répertoire des chapiteaux historiés de nos églises, il s'agit d'en rendre l'existence crédible, selon la recommandation que Viollet-le-Duc donnait à ses sculpteurs : inventez ce que vous voulez, à la condition que vos animaux puissent exister.
La référence au réel en tant que principe fonctionnel ne doit donc pas être oubliée (une patte arrière se plie différemment d'un antérieur ; il faut un orifice pour respirer, des yeux pour voir...) mais il conviendra de s'en souvenir au moment de la réalisation, non de la recherche.
Si la création artistique ne s'apprend pas, les conditions qui la préparent, peut-être... à ce titre, Picasso, dans le film que Clouzot lui a consacré (Le Mystère Picasso), en a déchiré le voile avec l'épisode des fleurs qui, dans le temps limité d'une fin de bobine, après une série d'éblouissantes métamorphoses, deviennent un masque de sabbat géant entouré de silhouettes fantomatiques, par le raccourci d'un prodigieux changement d'échelle.
Une forme donne naissance à une forme, qui donne.....et cela autant de fois qu'il le faut, pour arriver à se surprendre soi-même !
Le propos initial agissant comme un déclencheur. Nous avons déjà entrevu cela dans les chapitres précédents.
Ce projet illustre bien l'intérêt des sauts d'échelle mis en évidence par Picasso, par le choix du diodon d'une part (vue 1), poisson capable de se gonfler démesurément, et par sa transformation imprévue en bête de charge terrestre (vue 2) d'autre part. Les pseudo-épines s'accrochent sur les arêtes des facettes qui subdivisent l'énorme corps (vue 3).
Si le dessin préparatoire n'a plus de rapport avec la sculpture finie, il en aura rendu possible l'accomplissement.
01, 02 & 03. Le diodon de Camille JACQUEMIN.
Dès l'esquisse préparatoire, on est en présence d'une poétique délicate, avec un mouvement interrogateur attendrissant. Le remplissage entre les pattes, contrainte dûe à la souplesse du matériau en l'absence de renfort, devenant un élément de cette poétique.
On pense au mouvement semblable du Bison retrouvé dans la grotte de la Madeleine, réminiscence probablement inconsciente (1 et 2).
01 & 02. Lucie BRUN-NAUJALIS - L'esquisse.
Afin de ne pas perdre le charme de l'esquisse, le choix est fait de laisser libres les extrémités de l'armature ; cela obligera l'étudiante à résister à la tentation d'évider l'espace entre les antérieurs, un gain de réalisme qui lui aurait fait perdre son caractère. (Une armature bien conçue doit être fixée sur une planche avec des agrafes, en prévoyant une longueur de pattes un peu plus grande)
03. Lucie BRUN-NAUJALIS - Mise en place de l'armature.
04 & 05. Lucie BRUN-NAUJALIS - Modelage achevé.
Voici un autre exemple de « suite sémantique », l'image de la tortue qui porte sa maison donnant naissance à une ville entière, troglodyte par surcroît, ce qui lui permet de se fondre aux plaques écailleuses des bords de l'animal. En ses subdivisions tourmentées, on reconnaît encore la vraie tortue qui a servi de modèle (tortue-caïman).
Nicolas OOSSORGUINE (1, 2, 3 & 4)
Le Poulpe
Il s'agit de la confection d'un prototype de théière commençant par une étude en glaise (1 et 2) puis , les photos de la terre servant de modèle, le modelage définitif est quant à lui effectué avec de la pâte époxy. Elle se travaille avec les mêmes outils que la glaise avant durcissement tout en se prêtant aux ajouts de matière, puis au fraisage(3).
Une couche de peinture uniformise le tout pour présenter le projet achevé (4 et 5).
Le poulpe (1, 2, 3, 4 & 5)